Nous sommes à quelques jours de ce fameux dé-confinement tant attendu. Mais il ne sera pas ce que nous avions espéré, une grande fête pour le retour à nos vies d’avant.
Le dé-confinement sera fait de petits pas, d’incertitudes, de limitations de nos libertés, encore, de questionnements, de doutes et bien sûr d’inquiétude.
Comment l’envisagez-vous ? Que ressentez-vous ?
Je pense au livre de Michel Serres, La Petite Poucette. « Il décrit un monde où tout est à inventer, une manière de vivre ensemble, des institutions aux organisations, une manière d’être et de connaître. Il propose une collaboration entre générations pour mettre en œuvre cette utopie, seule réalité possible. »
Nous y sommes dans ce monde de demain. Allons-nous savoir oser sortir de notre cadre de référence ? Comment nous adapter au changement ? Déstructurer nos comportements ?Décloisonner notre communication ?
Le confinement a bousculé notre rapport au temps, considérablement.
Joël de Rosnay disait « Nous ne vivons pas seulement une accélération du temps, mais aussi une densification du temps ». Il faisait référence à notre monde d’immédiateté, d’infobésité, d’impatience, d’urgence permanente.
Mais le temps s’est arrêté ou a pris une connotation différente pour chacun d’entre nous.
Le temps est un moteur car c’est lui qui nous donne le rythme, nous permet de faire des projets pour demain, dans 6 mois, 1 an, 5 ans.
Notre référentiel au temps est totalement bousculé et nous n’avons même pas conscience à quel point !
Cette période est inédite, puisqu’elle nous empêche de nous projeter. L’incertitude nous conduit à imaginer toutes sortes d’options que nous pourrons ou pas, mettre en œuvre.Nous nous concentrons sur le présent. Cela influe nécessairement sur nos besoins et nos valeurs.
Au 1er jour du confinement, je me suis demandée si ce temps-là m’était volé, ou s’il m’était donné. Comme chacun d’entre vous, j’ai vu mes projets stoppés, professionnels et personnels. Ma vie s’est arrêtée, suspendue, vidée de son activité débordante, et cette agitation permanente pour remplir mes journées.
Et puis j’ai pris conscience de ce temps infini, à inventer, trouver un nouveau rythme, mettre en place une cadre, une structure, une discipline. Enfin, je me suis arrêtée de répondre aux conseils et injonctions de tous. Si je faisais autrement, sans organisation, au gré de ce que je ressentais, de ce dont j’avais envie, à l’écoute de mes émotions et mes besoins.
Je décidais de prendre ce temps pour moi, et voir ce que je ressentais vraiment.
Quelles sont vos émotions ?
Je découvre que mes besoins ont changé, une fois tout le superflu inaccessible. Je me concentre sur ce qui est essentiel pour moi et je prends le temps d’y répondre. Enfin j’essaie, parce que mes automatismes me poussent à faire comme avant ! Et puis j’accepte de voir ce qu’il y a vraiment en moi. Mes valeurs évoluent aussi.
Je ne sais pas comment nous allons vivre ce dé-confinement et les semaines d’après.Il me semble important de rester connecté à nous. L’expérience que nous avons vécue nous a tous marqué chacun, selon qui nous sommes.
Vouloir revenir à qui nous étions avant est un leurre et même une erreur. Nous avons la chance de bénéficier de ce moment pour changer nos relations, nos échanges et les vivre en tout authenticité que ce soit dans notre vie privée, mais aussi dans nos vies professionnelles.
Ce dé-confinement va nous demander de nous adapter, de changer, et surtout de nous transformer. Nous avons tous en nous cette capacité en dépassant nos blocages émotionnels, en ayant le courage de faire face à notre vulnérabilité.
Nous pouvons nous faire confiance pour agir en toute authenticité et faire preuve de créativité.
N’hésitez pas à me faire part de vos réactions et commentaires
Anne Clavaud
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